La plupart des grandes entreprises à travers le monde ont commencé à s’intéresser à leur empreinte carbone – bien sûr, certaines sont beaucoup plus avancées que d’autres. Mais si l’action climatique des entreprises est en hausse, nous devons être prudents face aux idées reçues qui pourraient, au mieux, ralentir la transition vers une économie à faible émission de carbone et, au pire, créer des écrans de fumée et tromper les parties prenantes.
Voici quelques pièges à éviter :
1. Une empreinte carbone coûte 3 000 €
L’empreinte carbone d’une entreprise est bien plus qu’un simple inventaire de ses émissions de carbone. Sa mesure nécessite trois éléments essentiels : une méthodologie robuste, une formation efficace des parties prenantes et une vérification rigoureuse des données. Une évaluation carbone rapide et peu coûteuse soulève des questions sur le sérieux des calculs, la fiabilité des outils, et surtout leur réelle contribution à une action climatique efficace.
Rappelez-vous que l’objectif principal d’une évaluation carbone est de faire agir votre entreprise.
2. Mon CSO est le seul responsable de ma politique climatique
Bien que votre Chief Sustainability Officer (CSO) soit l’architecte de l’action climatique de votre entreprise, il ou elle doit s’entourer d’une équipe de rêve composée d’autres cadres dirigeants. Leurs rôles ne sont peut-être pas directement liés à l’action climatique, mais ils sont essentiels pour atteindre les objectifs climatiques. Cette équipe devrait inclure le Chief Financial Officer (CFO), le Chief Procurement Officer (CPO) ou le Chief Technology Officer (CTO), sans oublier le Chief Communications Officer (CCO).
La communication crédible est cruciale, il est donc important de travailler avec votre CCO pour s’assurer qu’il ne soit pas trop confiant dans ses déclarations sur la durabilité – risquant ainsi des accusations de greenwashing.
3. Mes fournisseurs vont réussir à réduire leurs émissions
La grande majorité de vos fournisseurs ne savent probablement même pas ce qu’est un facteur d’émission. Pourtant, sans leur mobilisation, vous n’atteindrez pas vos objectifs climatiques. Votre rôle n’est pas seulement de collecter leurs données et d’imposer des objectifs de réduction. Il s’agit de les habiliter à prendre les devants dans leur parcours de décarbonisation en leur fournissant un outil qui facilite la mesure, la fixation d’objectifs et, surtout, le suivi de leurs progrès par rapport aux objectifs.
Les entreprises qui parviennent à faire réduire les émissions de leurs fournisseurs seront à l’avant-garde d’une action climatique efficace.
4. Mon objectif de réduction est basé sur une empreinte carbone calculée sur des données de dépenses
Bien que les données basées sur les dépenses soient une première approche utile pour obtenir un aperçu des émissions de votre entreprise, elles ne sont pas suffisamment précises pour définir une stratégie de réduction. Cette méthodologie, influencée par les fluctuations de prix telles que l’inflation, risque de vous mettre sur une trajectoire irréaliste qu’il sera impossible de maintenir.
Votre objectif de réduction et sa feuille de route associée doivent être basés sur une empreinte calculée sur au moins 60 % des données d’activité physique.
5. Mes crédits carbone annulent mon empreinte carbone
L’idée que les compensations permettent d’effacer les émissions et ainsi de permettre aux entreprises de revendiquer des produits et services neutres en carbone doit être rejetée. Elle conduit à une mauvaise éducation et à des accusations de greenwashing. Elle ne reflète pas les actions réelles que votre entreprise devrait entreprendre pour réduire son empreinte carbone.
Bien que chaque entreprise doive contribuer à la neutralité carbone en soutenant des projets certifiés (c’est-à-dire en achetant des crédits carbone), ils ne doivent en aucun cas être considérés comme annulant son empreinte carbone.
Le point essentiel : Des actions fondées sur la science sont cruciales
L’engagement des entreprises envers la décarbonisation devrait nous rendre optimistes, mais l’enfer est pavé de bonnes intentions. Chaque domaine de l’action climatique des entreprises (mesure, suivi, réduction, communication) doit être aligné sur la science climatique. C’est ainsi que nous pourrons accélérer efficacement notre transition collective vers un monde à zéro émission nette.