L'un des principaux thèmes de la COP27 était les pertes et les dommages – et la manière de protéger les populations vulnérables contre les impacts croissants d'un climat changeant. Alors que les entreprises et les organisations financières mettent en œuvre leur stratégie de réduction, il est clair qu'elles ont un rôle clé à jouer en contribuant aux mécanismes de soutien climatique.
Alors que le Fonds vert pour le climat, doté de 100 milliards de dollars, doit encore être alimenté par les pays riches, les crédits carbone sont considérés comme une opportunité de permettre au secteur privé de concilier justice climatique et neutralité carbone.
Parce que nous n'avons pas seulement besoin de la neutralité carbone. Nous avons besoin d'une approche de la neutralité carbone qui soit vraiment juste.
L'esprit de Kyoto a quitté le bâtiment
Lors de la troisième conférence des parties à Kyoto, les pays ont lancé des cadres de coopération climatique afin d'aider les pays pauvres à se développer d'une manière respectueuse du climat et sans mener les mêmes activités hautement polluantes que les pays développés. C'est ainsi que sont nés les projets à l'origine des crédits carbone. L'objectif était de contribuer au cofinancement d'activités de développement susceptibles de répondre à des besoins essentiels tels que l'alimentation, le logement et l'éducation.
Neuf ans plus tard, les accords de Marrakech ont défini des règles strictes pour contribuer à ces projets, notamment en limitant l'utilisation des puits de carbone. Il est apparu clairement que les activités de stockage du carbone ne seraient pas aussi permanentes qu'elles le prétendent, car les terres sur lesquelles elles sont basées pourraient être utilisées à d'autres fins. Plus important encore, les puits de carbone pourraient servir d'excuse aux pays pour donner la priorité à l'absorption du carbone plutôt qu'à la réduction des émissions.
Que s'est-il passé depuis ? Exactement ce que Marrakech a tenté d'éviter. Sous la pression d'une décarbonisation plus rapide, les entreprises ont cherché à adopter le modèle suivi par les pays. Beaucoup se sont concentrées sur l'achat de crédits carbone pour compenser les émissions et prétendre à la neutralité carbone – elles maintiennent le statu quo, ne font pas grand-chose pour réduire leur empreinte et soutiennent des projets de puits de carbone qui n'existeront peut-être même pas dans deux ans.
Pire encore, leur financement n'a aucun impact positif sur le changement climatique ou sur les communautés locales menacées.
Est-il logique de financer des activités de captage et de stockage du carbone dans un pays où des familles meurent de faim ? Est-il moralement correct de financer des projets de plantation d'arbres alors que la moitié de la population africaine n'a pas d'accès fiable à l'électricité ? Devons-nous nous empresser de stocker le carbone sous terre alors que les enfants en surface ne vont même pas à l'école ?
Il ne s'agit pas de compenser ses émissions de carbone, mais de contribuer à des projets sur le climat.
Plutôt que de se contenter de suivre un statu quo climatique dépassé, certaines entreprises adoptent désormais une approche différente de l'achat de crédits carbone, en choisissant de soutenir des projets qui s'attaquent à des problèmes locaux réellement importants. C'est là qu'intervient le changement sémantique entre les compensations et les contributions.
Il ne s'agit pas d'annuler les crédits carbone, mais de repenser leur utilisation.
Dans le cadre d'une approche fondée sur la contribution, les entreprises donnent la priorité aux réductions d'émissions et soutiennent parallèlement des projets qui s'attaquent aux problèmes sociaux, financiers et environnementaux au niveau local.
Prenons quelques exemples concrets. La Pologne doit accélérer la décarbonisation de son bouquet énergétique, tandis que la France doit donner la priorité à ses émissions de gaz à effet de serre.transition vers une agriculture à faible émission de carbone. Améliorer la sécurité alimentaire et la santé publiquel'accès à l'énergie est une priorité urgente pour le continent africain. Les enfants de la province du Yunnan en Chine doivent pouvoir manger avant d'aller à l'école, et Haïti doit restaurer ses terres dégradées.
C'est pourquoi les contributions sont l'occasion de restaurer la valeur morale des crédits carbone et de les utiliser pour apporter des solutions aux problèmes et aux besoins locaux.
En abandonnant les pratiques de compensationLes entreprises et les organisations financières ont le pouvoir de contribuer à la justice climatique et aux objectifs climatiques de leur pays, et de faire une réelle différence dans la construction d'un avenir juste et pauvre en carbone.
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Crédits photos :La voute nubienne