Pourquoi le Scope 3 est-il particulièrement important ?
Un pré-requis pour la décarbonation mondiale
Selon le Carbon Disclosure Project (CDP) les émissions de Scope 3 sont 11,4 fois plus importantes que celles des Scope 1 et 2. Elles représentent donc une part importante de l’empreinte carbone de votre entreprise, et il est essentiel de les intégrer dans la gestion de vos émissions carbone. Parvenir à réduire ces émissions de Scope 3, c’est aussi et surtout un moyen d’accélérer la transition vers une économie bas carbone.
Des avantages business pour votre entreprise
Mesurer vos émissions de Scope 3 peut vous apporter certains avantages commerciaux :
- Des décisions d’achat plus intelligentes – La comptabilité carbone peut vous aider à déterminer quels fournisseurs se sont engagés à prendre des mesures pour lutter contre le changement climatique. Cela vous permet de fixer des objectifs communs en matière de climat et d’éviter les accusations de greenwashing.
- Possibilités de réduction des coûts – Une mesure efficace du carbone peut vous aider à identifier les points chauds en matière de carbone et à mettre en place des plans d’amélioration de l’efficacité énergétique dans l’ensemble de votre chaîne de valeur.
- Respect de la législation la plus récente – La déclaration des émissions du scope 3 est de plus en plus exigée par les différents cadres de législation, prenez donc de l’avance.
Un enjeu stratégique
La lutte contre le changement climatique nécessite des efforts concertés dans toute la chaîne de valeur. Le Carbon Disclosure Project (CDP) incite de plus en plus d’entreprises à mesurer et publier leurs émissions dans leurs rapports de RSE. Cela permet non seulement de répondre aux attentes des investisseurs et des régulateurs, mais aussi de renforcer leur résilience et leur compétitivité.
Pourquoi est-ce difficile de mesurer le Scope 3 ?
La nature indirecte de la chaîne de valeur et sa complexité rendent la mesure des émissions de Scope 3 souvent compliquée. La collecte et la gestion des données, et l’engagement des parties prenantes peuvent être particulièrement compliquées.
- Collecte des données : les sources d’émissions de GES du scope 3 sont nombreuses et diverses. Elles vont de la production de biens achetés aux déplacements domicile-travail des employés, il peut donc être difficile de mesurer et d’attribuer les émissions avec précision.
- Gestion des données : la gestion et l’analyse de grandes quantités de données disparates et leur intégration dans vos systèmes existants peuvent aussi être difficiles et prendre du temps.
- Engagement des parties prenantes : obtenir l’adhésion, en interne comme en externe, est une étape délicate.
Le processus commence par une analyse de votre chaîne de valeur pour identifier les principales sources d’émissions. Voici les 3 étapes clés :
1. Analyse de matérialité
Toutes les catégories du Scope 3 ne s’appliquent pas à chaque entreprise. Identifiez les catégories qui sont pertinentes selon la nature de votre activité.
2. Collecte des données
Une fois que vous avez identifié les catégories de scope 3 pertinentes, identifiez les données déjà disponible et celles qui vous manquent.
3. Calcul et interprétation
Avec les données collectées, appliquez des facteurs d’émissions standards (issus du GHG Protocol ou de bases comme l’ADEME en France) pour quantifier l’impact en GES.
3 méthodes de calcul à considérer
Vous trouverez ci-dessous un aperçu des principales méthodes de mesure des émissions du scope 3, qui peuvent s’avérer particulièrement utiles pour la catégorie 1 du scope 3, à savoir les biens et services achetés.
Basé sur le CDP (utilisation d’un facteur d’émission sectoriel)
Il s’agit d’un facteur calculé à partir des données fournies par les entreprises au CDP, qui est perçu dans le monde entier comme l’étalon-or en matière de rapports sur l’environnement.
Ce facteur est une moyenne des données d’émissions soumises par les organisations opérant dans un secteur donné. Il peut être utilisé comme point de départ pour le calcul de l’empreinte carbone de la chaîne d’approvisionnement en l’absence de données plus précises.
Basé sur les dépenses
Elle est basée sur le coût des biens ou des services achetés. La valeur est multipliée par un facteur d’émission donné pour calculer une estimation de vos émissions totales.
Les facteurs d’émission basés sur les dépenses sont dérivés d’une moyenne industrielle des niveaux d’émission, généralement au niveau national. Cela signifie qu’ils ne sont pas très précis. En revanche, la méthodologie basée sur les dépenses est relativement simple à mettre en œuvre et peut fournir une approximation utile des émissions indirectes de votre entreprise.
Basé sur les fournisseurs (données primaires)
Il s’agit de la forme la plus précise de comptabilité carbone du scope 3. Elle consiste à suivre les émissions de chaque fournisseur, puis à utiliser ces données pour estimer les émissions associées aux biens et services achetés par votre entreprise.
La collecte de données peut être un processus qui prend du temps et nécessite des ressources importantes.
Bonus : hybride
La méthode hybride utilise un mélange des méthodes ci-dessus. Elle donne généralement une image assez précise de vos émissions totales, mais sa mise en œuvre peut être complexe et nécessiter beaucoup de ressources.
Commencer par un point de référence, puis approfondir les données
S’il est juste d’utiliser une approche basée sur le CDP ou sur les dépenses pour votre premier calcul de référence de l’empreinte carbone, vous devez obtenir des données plus précises pour réduire les émissions de manière significative.
La meilleure façon d’y parvenir est de se concentrer sur les fournisseurs stratégiques qui représentent la majorité de vos émissions. Utilisez le principe de Pareto 80-20 : 20 % de vos fournisseurs sont probablement responsables de 80 % de votre empreinte carbone.
Obtenez l’adhésion de ces fournisseurs en simplifiant au maximum la collecte des données. Fournissez-leur des outils tels que des enquêtes personnalisées, un outil de simulation de la décarbonation et une plateforme de suivi des activités de réduction.
Scope 3, Bilan Carbone et CSRD
Si vous êtes en passe de réaliser votre premier Bilan Carbone, la mesure des émissions de Scope 3 peut être obligatoire selon votre niveau de maturité (notion ajoutée en 2025 dans la méthode Bilan Carbone).
La CSRD impose elle aussi de déclarer ses émissions de Scope 1, 2, et 3.
Le calcul de vos émissions indirectes liées à la chaîne de valeur aura donc une importance capitale pour mener à bien votre Bilan Carbone, et votre reporting CSRD.
L’étape suivante : réduire les émissions de votre chaîne de valeur
Une fois que vous avez calculé votre empreinte carbone de référence Scope 3, il est temps de fixer vos objectifs. Vous pourrez alors commencer à réduire vos émissions. Nous vous conseillons de commencer par deux ou trois initiatives clés et d’y associer vos fournisseurs. Vérifiez ensuite régulièrement les progrès réalisés en commun.
Une stratégie de réduction des émissions de carbone fondée sur des données permet un ciblage plus précis, une efficacité accrue et une plus grande responsabilité dans la mise en place d’une entreprise plus durable – veillez donc à partager vos outils de mesure avec l’ensemble de votre chaîne de valeur.