Un plan de transition est une feuille de route stratégique qui définit comment une entreprise réduit ses émissions de GES adapte ses activités face au changement climatique. Avec la pression croissante exercée sur les entreprises pour qu’elles réduisent leur empreinte carbone, respectent les réglementations et répondent aux attentes des investisseurs, le plan de transition est devenu un outil incontournable.
Bien structurer son plan de transition peut vous aider à anticiper les conséquences du réchauffement climatique, à limiter les risques financiers et à saisir les opportunités liées à la décarbonation.
Définition d’un plan de transition climatique
Un plan de transition climatique est un document stratégique détaillant comment une organisation atteindra ses objectifs de réduction des émissions. Il doit démontrer comment ses opérations industrielles sont :
- Compatibles avec une économie bas carbone
- Alignées avec l’Accord de Paris pour limiter le changement climatique à 1,5°C
- Structurées pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050
Un plan de transition doit inclure des indicateurs-clés, tels que :
- Des objectifs de réduction des GES basés sur la science
- Des investissements stratégiques dans les énergies renouvelables, la durabilité de la chaîne d’approvisionnement et le financement vert
- Une gouvernance claire pour assurer la mise en œuvre et le suivi des action
Contrairement aux rapports de durabilité traditionnels, un plan de transition intègre la planification financière, la gestion des risques et la stratégie d’entreprise pour une approche plus globale.
Les composantes essentielles d’un plan de transition climatique
Un plan de transition climatique doit inclure des éléments clés permettant d’évaluer la stratégie climatique de l’entreprise et sa robustesse scientifique.
Trajectoire de décarbonation
Au cœur du plan de transition, la trajectoire de décarbonation définit un plan progressif de réduction des émissions de GES. L’entreprise doit fixer :
- Une année de référence,
- Une année cible (notamment 2030 et 2050),
- Des objectifs de réduction en valeur absolue, et éventuellement en intensité.
Ces objectifs doivent couvrir les scopes 1, 2 et 3 et s’aligner sur un scénario de réchauffement limité à 1,5°C.
Leviers de décarbonation
Les leviers de décarbonation correspondent aux actions concrètes mises en place pour atteindre les objectifs fixés. Ils incluent :
- Des stratégies de sobriété énergétique et d’économie circulaire,
- Une évolution des offres commerciales vers des solutions bas-carbone,
- Le recours aux énergies renouvelables,
- L’amélioration de l’efficacité énergétique,
- La réduction de la consommation de carburant.
Ces leviers doivent être quantifiés afin d’évaluer leur impact sur la trajectoire de décarbonation.
Émissions verrouillées
Les émissions verrouillées (ou bloquées) proviennent d’actifs à long terme tels que les équipements industriels ou les infrastructures (autoroutes, aéroports…). L’entreprise doit :
- Estimer et publier les émissions futures associées à ces actifs,
- Analyser l’impact de ces émissions sur ses objectifs climatiques,
- Mettre en place une stratégie de gestion pour éviter que ces actifs ne deviennent échoués, c’est-à-dire qu’ils perdent de la valeur à mesure que la transition climatique progresse.
Ressources financières allouées
L’entreprise doit détailler les moyens financiers et humains dédiés à la mise en œuvre du plan de transition. Cela inclut :
- Les investissements en capital (CapEx) et les dépenses opérationnelles (OpEx) nécessaires,
- L’intégration financière du plan dans la stratégie globale de l’entreprise,
- La manière dont ces investissements soutiennent la transition vers une économie bas-carbone.
Gouvernance et suivi
Un suivi rigoureux est indispensable pour garantir l’efficacité du plan de transition. L’entreprise doit mettre en place des indicateurs de performance permettant de mesurer :
- L’évolution des émissions de GES par scope,
- La consommation énergétique,
- Les investissements dans des technologies propres.
Ces indicateurs assurent une transparence accrue et permettent aux investisseurs d’évaluer la crédibilité et l’avancement du plan de transition.
Cadres réglementaires qui imposent un plan de transition climatique
Les organisations internationales et les régulateurs exigent de plus en plus que les entreprises publient leur plan de transition et leur stratégie à long terme pour la réduction des émissions.
Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD)
La CSRD, qui s’applique aux grandes entreprises opérant dans l’Union européenne, impose de publier des informations sur la finance durable, y compris l’existence ou non d’un plan de transition climatique. Si une entreprise n’en a pas, elle doit le justifier.
Les éléments clés incluent :
- Des objectifs de transition clairs
- Des stratégies détaillées pour réduire les émissions de carbone
- Des analyses des risques liés aux scénarios climatiques futurs
Corporate Sustainability Due Diligence Directive (CSDDD)
La CSDDD va plus loin en obligeant les organisations à adopter une stratégie formelle de transition. Contrairement à la CSRD, qui permet d’expliquer l’absence de plan de transition, la CSDDD impose aux entreprises de prendre des mesures concrètes en faveur de la neutralité carbone.
International Sustainability Standards Board (ISSB)
L’ISSB propose des normes de reporting international pour harmoniser les exigences de publication des plans de transition dans les différents pays.
Comment construire un plan de transition climatique ?
Pour être efficace, un plan de transition doit suivre une démarche structurée. Voici les étapes clés pour répondre aux besoins des entreprises et des investisseurs.
1. Impliquer les parties prenantes
Un plan de transition est un outil stratégique qui doit mobiliser des acteurs clés : direction, équipes financières, juridiques et chaîne d’approvisionnement.
2. Définir des objectifs précis
Un bon plan d’action inclut des objectifs mesurables, tels que :
- Réduction des GES sur les Scopes 1, 2 et 3
- Investissements dans les énergies renouvelables
- Renforcement de la résilience climatique de la filière industrielle
3. Intégrer la transition dans la stratégie d’entreprise
Les entreprises doivent évaluer :
- L’impact des risques climatiques sur leur stabilité financière
- L’alignement de leur développement avec leurs objectifs de transition
- Les opportunités d’innovation face aux scénarios climatiques
4. Structurer le document de transition
Un rapport de transition efficace doit inclure :
- Un résumé exécutif des objectifs climatiques
- Une feuille de route détaillant les actions mises en place
- Une gouvernance claire pour garantir la mise en œuvre et le suivi
Un document évolutif
Un plan de transition a vocation à évoluer, pour ’adapter aux nouvelles réglementations et enjeux climatiques. Les bonnes pratiques incluent :
- Des mises à jour régulières tous les trois ans ou en cas d’évolution majeure
- Une prise de décision basée sur les données
- Une veille réglementaire sur les mises à jour des normes comme la CSRD et le TPT
Les avantages d’un plan de transition robuste
Au-delà de la conformité réglementaire, un plan de transition bien conçu permet :
- D’anticiper les risques liés aux variabilités climatiques
- De se différencier sur le marché en devenant un acteur engagé
- D’attirer des investissements orientés vers la transition bas carbone
- De contribuer à une réduction réelle des émissions
Un plan de transition climatique efficace est bien plus qu’un projet ESG : c’est un levier stratégique pour garantir la pérennité et la performance des entreprises dans un monde en transition énergétique.