Avez vous entendu parler de la NZDPU?
Encore un acronyme me direz-vous, oui mais celui-là annonce un séisme dans la souveraineté globale des données extra financières.
Net Zero Data Platform Utility (NZDPU)Net Zero Data Platform Utility (NZDPU). L'objectif est de remédier au manque de données climatiques, à leurs incohérences et aux difficultés d’y accéder, ralentissant donc l'action climatique.
Effectivement cela est nécessaire. Songez qu’aujourd’hui, la plupart des données climatiques ne sont accessibles que par le biais d'abonnements commerciaux, empêchant le public et de nombreuses institutions d'y accéder facilement. Les données sont souvent présentées dans des formats propriétaires, ce qui rend plus difficile l'agrégation des informations ou la comparaison des performances des entreprises d’une source à l’autre. La qualité des données s'améliore rapidement, mais il y a encore des lacunes et des incohérences.
Cette idée de plateforme open source est donc la bienvenue pour accélérer l’accès à une information cohérente et gratuite mais elle n’est pas nouvelle, et c’est même la France qui en avait eu l’idée en premier. À l'occasion de la conférence internationale One Planet organisée le 28 octobre 2021 en France, le président Emmanuel Macron avait déjà annoncé le lancement du "One Planet Data Hub", plateforme qui devait permettre de centraliser les informations relatives aux engagements du secteur privé en matière de transition écologique. Le One Planet Data hub devait servir d'observatoire mondial donnant de la lisibilité au suivi des flux financiers.
Malheureusement, l’initiative française a été absorbée par l’initiative internationale, avec un projet moins transparent, et une gouvernance principalement américaine et opaque. Se posent par exemple les questions autour de la gouvernance du comité de pilotage (sa composition et la nomination de ses membres) ou encore sur la composition du comité des fournisseurs de données (avec aujourd’hui uniquement de représentants américains, alors qu’un siège par pays permettrait une meilleure équité de représentation) et enfin sur le choix de la donnée (qui va décider de la source de donnée notamment pour le fameux scope 3, d’une part entre les fournisseurs de données, et d’autre part entre des données reportées ou modélisées?)
Le projet NZDPU est porté par l’envoyé spécial des Nations unies pour l’ambition et les solutions en faveur du climat, à savoir Michael Bloomberg. Son comité est présidé par la vice-présidente de GFANZ, Mary Schapiro. Le comité rassemble certes des représentants d’organisations internationales et de régulateurs.
Il y a actuellement une consultation pour choisir le prestataire qui développera cette plateforme open source. Espérons que le consortium choisi soit européen pour rééquilibrer les forces en présence dans la gouvernance de la NZPDU.
Il est important que l’Europe qui a toujours été pionnière dans la réglementation autour des données climatiques soit mieux représentée dans cette instance et converse sa place au sein de la gouvernance des données extra financières.