Ce guide vous apprendra :
Les gestionnaires d’actifs jouent un rôle crucial de facilitateurs de la transition écologique. Avec des actifs sous gestion qui devraient dépasser les 11 000 milliards de dollars d’ici 2026, l’industrie financière détient un pouvoir d’influence considérable pour financer la transition écologique.
Cette influence repose sur des valeurs déterminantes d’engagement, de résilience et de création de valeur. Elles sont essentielles pour favoriser un modèle d’affaires durable. L’adoption de tels modèles garantit non seulement la viabilité à long terme des investissements, et permet également des rendements financiers plus élevés au fil du temps.
Alors que les normes et cadres de reporting ne cessent d’évoluer, l’objectif ultime reste le même pour les acteurs financiers : démontrer leur alignement avec les objectifs de l’Accord de Paris.
Mais comment faire ? Comment les investisseurs peuvent-ils engager leur portefeuille dans une démarche de décarbonisation ? Quels outils et soutiens peuvent-ils apporter à leurs actifs pour les aider à mesurer et à réduire leur empreinte carbone ? Examinons de plus près ces questions.
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Suite à l’adoption du Pacte vert pour l’Europe, les gestionnaires d’actifs font face à un paysage réglementaire de plus en plus complexe en matière d’obligations de reporting climatique. Ci-dessous, nous vous proposons un aperçu des principales normes qui s’appliquent aux investisseurs, comprenant notamment le règlement SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) et la directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive).
Il est important de noter que, même si certaines réglementations ne s’appliquent pas directement à tous les investisseurs, les exigences sous-jacentes en matière de collecte de données ESG, telles que le calcul et la publication des indicateurs PAI (Principal Adverse Impacts, principales incidences négatives en français) définis dans le règlement SFDR, sont devenues des pratiques courantes.
C’est pourquoi la compréhension de ces cadres réglementaires est cruciale pour que tous les gestionnaires d’actifs puissent se conformer efficacement à leurs obligations en matière de reporting ESG.
Le règlement SFDR, pierre angulaire du programme de l’UE en matière de finance durable, impose une meilleure transparence extra-financière et s’attaque au greenwashing.
Le Niveau 1, en vigueur depuis mars 2021, se concentre sur les institutions financières, y compris les gestionnaires d’actifs. Ceux-ci doivent désormais divulguer les risques ESG liés à leur portefeuille d’investissements et publier les indicateurs PAIs tels que définis par le règlement SFDR. Les PAIs incluent des indicateurs obligatoires, dont certains nécessitent la réalisation d’un bilan carbone détaillé. Les investisseurs sont également tenus d’intégrer des objectifs ESG dans leurs politiques de rémunération.
Les exigences de déclaration du règlement SFDR Niveau 1 s’appliquant aux gestionnaires d’actifs sont présentées ci-dessous:
| Fonds Article 6 | Ces fonds n’ont pas d’objectif explicite en matière en matière environnementale, sociale et de gouvernance (ESG). Ils sont catégorisés par défaut comme des fonds dans lesquels la durabilité ne fait pas partie des objectifs principaux. |
| Fonds Article 8 | Ces fonds prennent en compte et privilégient les caractéristiques environnementales ou sociales dans leurs stratégies d’investissement. |
| Fonds Article 9 | Ces fonds visent spécifiquement des investissements environnementaux ou sociaux. Cet objectif est explicitement défini lors de leur création. Ils sont soumis au respect du principe « do no significant harm » (DNSH, absence de préjudice important, en français). |
Le Niveau 2, entré en vigueur début 2023, exige la publication de davantage d’informations sur la prise en compte des risques ESG par les acteurs financiers et la mesure de la performance ESG.
Pour plus de détails sur les exigences du règlement SFDR, consultez notre ressource dédiée.
Nous avons également comparé dans cet article le règlement SFDR européen et le UK SDR.
La directive CSRD s’appuie sur la directive NFRD (Non-Financial Reporting Directive) et s’inspire de divers cadres et normes telles que la Global Reporting Initiative (GRI) et l’International Sustainability Standards Board (ISSB). Afin d’avoir une vision globale des problématiques de durabilité, la CSRD exige une plus grande transparence des données sur les risques environnementaux, les conditions de travail, la gestion de la chaîne d’approvisionnement et l’éthique des affaires. La directive demande par exemple la publication d’un bilan carbone couvrant les scopes 1, 2 et 3.
Notez que la CSRD et le règlement SFDR sont étroitement liés. La CSRD étend les obligations de reporting des entreprises aux gestionnaires d’actifs, tandis que la SFDR élargit les responsabilités de reporting des gestionnaires d’actifs sur leurs fonds distribués auprès des investisseurs de détail.
Pour plus de détails sur les exigences de la CSRD, consultez notre ressource dédiée.
La Taxonomie Verte de l’UE constitue un cadre réglementaire essentiel pour les gestionnaires d’actifs. Elle permet une communication plus transparente sur l’impact de leurs activités en s’appuyant sur les six principes clés du développement durable suivants :
Il s’agit à la fois d’un outil que les acteurs financiers utiliseront à l’avenir pour prendre en compte l’ESG dans leurs stratégies d’investissement et d’une obligation de reporting s’appliquant aux gestionnaires d’actifs et aux entreprises.
Grâce à la taxonomie, le Green Asset Ratio (GRA – ratio d’actifs vert en français) et les seuils d’indicateurs pourront être utilisés dans le processus de sélection des investissements, tant pour les actifs privés que pour les actifs cotés en bourse, ainsi que dans le cadre des processus de diligence raisonnable pour les entreprises en phase de transaction.
Notons que les réglementations vues ci-dessus sont étroitement imbriquées les unes aux autres. Leur impact complet se fera sentir seulement lorsqu’elles seront entièrement mises en œuvre et matures. Par exemple, la Taxonomie de l’UE est encore aujourd’hui en cours d’élaboration et sa version actuelle présente des limites. Son application dans sa version finale renforcera considérablement l’efficacité des réglementations connexes. En attendant, les institutions financières attendent toujours les classifications révisées de la SFDR.
L’approche logique pour mettre en place sa stratégie de décarbonisation, et répondre aux exigences des réglementations mentionnées ci-dessus, est la méthode « mesurer, agir et rendre compte ». Chaque étape (mesure, action, reporting) est encadrée par diverses normes et initiatives climatiques. Celles-ci offrent des lignes directrices utiles à la mise en œuvre de stratégies climatiques, en particulier pour les investisseurs.
Le GHG Protocol et la méthodologie PCAF sont deux initiatives largement utilisées pour mesurer les émissions de gaz à effet de serre du secteur financier.
Catégorie 3.15 du GHG Protocol
Le GHG Protocol est un standard conçu pour vous aider à identifier et à calculer l’empreinte carbone de votre entreprise sur l’ensemble de ses activités et de sa chaîne de valeur, y compris le portefeuille d’investissement.
Il divise le scope 3 en 15 catégories, la catégorie 15 étant désignée comme les « Investissements ». Cette catégorie s’adresse aux banques et aux gestionnaires d’actifs. Le GHG Protocol stipule que les émissions financées doivent être intégrées aux déclarations de GES des institutions financières et à leurs stratégies de réduction de leurs empreintes carbones.
La méthodologie PCAF (Partnership for Carbon Accounting Financials)
La méthodologie PCAF est une initiative dirigée par une coalition mondiale d’institutions financières qui a pour but de leur permettre de mesurer et de communiquer de manière cohérente et uniforme les émissions carbones qu’elles financent.
En novembre 2020, PCAF a publié la 1ère édition de sa norme mondiale de comptabilité et de déclaration des GES pour l’industrie financière. Celle-ci sur le GHG Protocol pour établir un cadre de mesure et d’attribution des émissions financées générées par des catégories d’actifs particulières.
La méthodologie cherche à convertir les émissions absolues des entreprises bénéficiaires des investissements en émissions financées par l’investisseur, en prenant en compte son pourcentage de propriété. Une clé d’allocation est utilisée, qui est égale au montant investi sur la valeur totale de l’actif en question. La logique de cette clé d’allocation est la même, quelles que soient les catégories d’actifs, permettant aux instruments de crédit et au financement de projets d’incorporer le facteur temps dans les calculs.
Les émissions financées
Vos émissions financées représentent votre part des émissions absolues de l’actif dans lequel vous investissez. Cela signifie que les émissions financées reflètent la proportion d’émissions qui peut être attribuée à votre portefeuille d’investissement. Pour les institutions financières, les émissions financées représentent en général plus de 95 % de leur empreinte carbone.
Les investisseurs se sont historiquement appuyés sur l’initiative Science Based Targets (SBTi) pour guider leurs entreprises en portefeuille dans la poursuite d’objectifs ambitieux en matière de décarbonisation. Créée en 2015 par des organisations de premier plan telles que le CDP et le Pacte mondial des Nations Unies, l’initiative SBTi est rapidement devenue la norme préférée des acteurs financiers du marché privé.
Notez que la SBTi peut s’appliquer aux entreprises et aux acteurs financiers, mais de manière différente.
Les entreprises ont trois options pour définir leurs science-based targets (objectifs climatiques fondés sur la science):
L’initiative Net Zero, promue par des organisations telles que Net Zero Banking Alliance (NZBA), Net Zero Asset Managers (NZAM) et Net Zero Asset Owners (NZAO), est un engagement collectif des institutions financières à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. Pour les gestionnaires d’actifs, cette initiative marque un tournant fondamental vers l’intégration des considérations climatiques dans les stratégies d’investissement.
Les Science Based Target sont des objectifs de court terme de réduction d’émissions carbones, établis par les entreprises, permettant de limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels. Les objectifs Net Zéro sont quant à eux des objectifs plus larges visant à compenser intégralement les émissions, y compris en absorbant toutes les émissions résiduelles via des méthodes de capture du carbone.
Bien que les directives aient permis de faire d’importantes améliorations dans les efforts de décarbonation, les investisseurs qui souhaitent compenser leurs émissions doivent présenter leur stratégie de manière distincte – c’est-à-dire en s’appuyant sur des trajectoires granulaires par scopes ou même par catégories de scopes – et ensuite compiler les émissions séquestrées ou évitées. Pour rappel, la neutralité carbone ne peut être atteinte au niveau de l’entreprise et ne peut être une somme d’émissions positives et d’émissions retirées.
L’initiative ACT (Assessing Low-Carbon Transition) renforce la lutte contre le dérèglement climatique en facilitant la comparaison avec des critères rigoureux et fondés sur la science. ACT offre un cadre complet et orienté vers l’avenir pour aider les entreprises à aligner leurs stratégies de transition climatique sur des trajectoires bas carbone.
Dans le cadre de l’évaluation ACT, les objectifs d’émissions des entreprises sont examinés en fonction de leur alignement aux différents scénarios de dérèglement climatique. ACT vise à approfondir les engagements qu’ils soient formulés en valeurs absolues ou en pourcentages.
L’évaluation analyse :
La méthodologie comprend une évaluation qualitative et des suggestions d’améliorations. Elle utilise aussi un système de notation pour évaluer les acteurs, ce qui est particulièrement utile pour les stratégies d’investissement brown to green et dans les secteurs d’activité complexes en forte croissance.
Pour plus d’informations, consultez la page dédiée de l’ACT.
La Task Force on Climate-related Financial Disclosures (TCFD) est une initiative mondiale visant à améliorer la transparence des risques et des opportunités climatiques au sein des marchés financiers. Bien qu’elle ait récemment été dissoute, ses recommandations continuent d’être largement utilisées dans les reportings.
Établie par le Conseil de Stabilité Financière (CSF), la TCFD fournit, à toutes les organisations de tous les secteurs, un cadre auquel se référer afin de communiquer des informations concernant leurs risques et opportunités climatiques. Les informations sont réparties dans quatre catégories : la gouvernance, la stratégie, la gestion des risques, et les indicateurs et objectifs.
L’objectif de la TCFD est que les acteurs financiers pourront exploiter les déclarations des entreprises (rédigées conformément aux exigences de la TCFD) pour choisir des investissements en connaissant leurs risques et opportunités climatiques.
Pour plus d’informations, consultez notre ressource dédiée sur la TCFD.
Pour résumer, la priorité est de répondre aux obligations de reporting tout en montrant que votre politique climatique est compatible avec les objectifs de l’Accord de Paris. Il est essentiel de s’efforcer d’atteindre le niveau de qualité de transparence des normes et initiatives climatiques, car cela oblige à adopter les meilleures pratiques de réduction d’émissions de GES. Effectuer ce travail permet de (re) valoriser par la même occasion vos investissements.
Pour que les investisseurs réussissent à mettre en place des stratégies de décarbonation efficaces, il est nécessaire qu’ils basent leurs stratégies sur de solides fondations. Pour être en phase avec leurs ambitions climatiques, la gouvernance de leurs politiques climatiques, leurs connaissances du climat et leurs compréhensions des méthodologies utilisées pour définir des objectifs climatiques, au niveau des investisseurs et des actifs en portefeuille, sont essentielles pour prendre des décisions éclairées et mettre en place des plans d’action efficaces.
Pour réussir sa stratégie climatique, il est nécessaire de construire de solides fondations organisationnelles au sein de votre structure. Voici comment :
Établir une gouvernance climatique solide – Commencez par constituer une équipe dédiée à cette thématique avec des objectifs clairs, des délais raisonnables, mettez à leur disposition des outils de gestion de projet et les ressources nécessaires. Afin de faire émerger une solide culture et un sens des responsabilités climatiques dans votre organisation, mettez en place une communication interne claire autour de vos ambitions climatiques, précisant la position et les engagements de votre direction sur ce sujet.
Adopter une vision de long terme – Alignez vos objectifs sur l’Accord de Paris. Impliquez les équipes support et d’investissement pour que tout le monde en saisisse les enjeux. Gardez en tête votre objectif de long terme et reconnaissez l’impact potentiel de vos initiatives climatiques sur les budgets et vos activités. Envisagez la possibilité d’intégrer vos objectifs climatiques à votre politique de rémunération variable.
Considérer la connaissance climatique comme un incontournable – Investissez dans la formation de votre équipe et/ou allouez du temps pour l’acquisition de nouvelles compétences climatiques. Encouragez le partage des connaissances entre les équipes. N’hésitez pas à faire appel à une expertise externe en cas de besoin pour renforcer vos capacités internes.
Obtenir un premier aperçu de la maturité climatique de votre portefeuille – Commencez par calculer les émissions financées de votre portefeuille en utilisant des estimations. Utilisez ces estimations pour planifier vos actions climatiques en fonction de leur niveau de priorité. Afin de maximiser l’impact de votre stratégie climatique, concentrez-vous sur les secteurs où l’intensité carbone est la plus élevée, les émissions absolues les plus hautes ou sur les investissements les plus importants.
Echangez avec vos pairs – Devenez un membre actif de la communauté des gestionnaires d’actifs engagés dans l’action climatique. Utilisez les ressources mises à disposition par les associations du secteur, et assistez aux événements et webinaires par des professionnels du secteurs et des experts sur les questions techniques et actuelles liées au climat. Participez aux groupes de travail et partagez vos expériences.
Comme mentionné ci-dessus : le SBTi peut s’appliquer aux entreprises et aux acteurs financiers, mais de différentes manières.
Le graphique ci-dessous, tiré du site officiel du SBTi, montre les étapes de mise en place d’une stratégie bas carbone pour les sociétés de gestion. Ces étapes sont pertinentes pour la plupart des gestionnaires d’actifs.
1. Organisez votre inventaire de GES
2. Choisissez vos objectifs de réduction de vos scopes 1 et 2
3. Choisissez de fixer ou non des objectifs de réduction sur les catégories 1 à 14 de votre scope 3
4. Identifier toutes les classes d’actifs pour lesquelles il est pertinent et obligatoire de fixer des objectifs de réduction du scope 3 catégorie 15
5. Fixer des objectifs de réduction au niveau des différentes catégories d’actifs à l’aide de méthodes adaptées
6. Travailler votre communication autour de vos objectifs et de votre plan d’action
Les investisseurs doivent d’abord mettre en place les principes et efforts appliqués à leurs entreprises en portefeuille, au niveau de leur société de gestion. Cela implique d’effectuer une évaluation complète de leur empreinte carbone, englobant les scopes 1, 2 et 3 (catégories 1 à 14), et de fixer des objectifs clairs de réduction de ces émissions.
Adopter cette approche témoigne d’un engagement à montrer l’exemple en matière d’action climatique, exemple que pourront suivre les entreprises en portefeuille. En outre, mettre en place ces exercices permet aux investisseurs d’approfondir leur compréhension des subtilités méthodologiques liées au calcul d’empreintes carbones et à la définition d’objectifs de réduction d’émissions crédibles.
Sur la base des estimations d’empreinte carbone déjà réalisées, la société de gestion peut ensuite choisir comment elle souhaite piloter ses objectifs de réduction au niveau de l’ensemble de ses investissements.
Le SBTI, par exemple, explique que les sociétés de gestion ont le choix entre différentes options. Celles qui : “détiennent principalement des investissements directs en private equity devront probablement choisir d’appliquer des science-based targets au niveau de leur portefeuille pour couvrir l’ensemble de leurs investissements. Les sociétés de gestion à stratégies multiples, auront quant à elles probablement à appliquer différentes méthodes de définition de SBTs, afin que l’ensemble de leurs classes d’actifs concernées soient couvertes.”
Notez que le scope des objectifs de réduction d’une entreprise doit être cohérent avec le scope de la méthode choisie – sinon, la comparaison entre portefeuilles et entre concurrents pourrait ne pas être pertinente.
Afin de suivre les progrès de sa stratégie de réduction d’émissions carbones, il est essentiel de comprendre les différences entre les objectifs exprimés en intensité ou en valeurs absolues et de comprendre ce que signifie viser une trajectoire de + 1,5°C ou + 2°C.
Il est conseillé de fixer des objectifs distincts pour les émissions des scopes 1, 2 et 3, qu’ils soient exprimés en intensité ou en valeurs absolues.
Objectifs de réduction exprimés en valeurs absolues
Les objectifs d’émissions absolus impliquent une réduction ou un évitement des émissions sur une période définie, indépendamment de la croissance de l’entreprise ou des bénéfices annuels. Ces objectifs sont quantifiés en termes d’émissions totales. Ils constituent un engagement clair en faveur de la réduction de l’impact environnemental.
Exemple : A s’engage à réduire ses émissions financées de 40 % d’ici 2030.
Les objectifs de réduction exprimés en intensité
Les objectifs d’émission exprimés en intensité se concentrent sur la réduction des émissions par rapport à une unité d’activité économique. Ils permettent d’ajuster les réductions d’émissions en fonction de la croissance de l’entreprise ou de changements impactant son activité, tels que des fusions ou des acquisitions. L’utilisation de ces objectifs calculés en intensité permet une souplesse économique et financière dans la poursuite d’objectifs de décarbonisation.
Exemple : B vise à éliminer 5 tonnes de CO₂ par million de dollars investis.
Consultez notre page dédiée pour en savoir plus sur les méthodologies de définition des objectifs.
Indicateurs d’intensité supplémentaires
Outre les objectifs absolus de réduction des émissions, les investisseurs peuvent s’appuyer sur des indicateurs d’intensité pour mesurer et gérer les émissions en relation avec les principaux leviers d’activité. Ils offrent des informations précieuses sur l’efficacité des efforts de réduction des émissions et permettent aux investisseurs d’identifier les possibilités d’optimisation de leurs stratégies climatiques. Les indicateurs d’intensité sont particulièrement utiles pour les jeunes entreprises en pleine croissance. Ils fournissent une vision plus fine des performances en matière d’émissions, en tenant compte des fluctuations de l’activité commerciale.
L’intensité physique est la valeur des émissions absolues divisée par une valeur d’activité physique ou de production, exprimée en tCO2e/MWh, tCO2e/tonne de produit fabriqué.
Le WACI (Weighted average carbon intensity) mesure l’exposition d’un portefeuille aux entreprises intensives en émissions carbone. Il est exprimé en tonne équivalent CO2 par million de dollars de revenu (tCO2e/€M ou tCO2e/US$M).
L’intensité économique des émissions, décrite dans la méthodologie PCAF, est le ratio entre les émissions financées et la valeur du portefeuille. Cet indicateur offre une mesure standardisée de l’empreinte carbone.
L’Implied Temperature Rise (ITR) évalue l’alignement des portefeuilles d’investissements sur les objectifs climatiques mondiaux. En pratique, cet indicateur compare leur budget carbone collectif aux émissions réelles, converties en hausse de température (trajectoire 1,5°C).
Vous avez construit vos équipes de travail, réalisé les estimations de votre scope 3.15 (catégorie investissements) et défini vos objectifs et indicateurs clés de performance (KPI). La prochaine étape décisive consiste à tirer parti de ce travail de base pour soutenir et guider vos entreprises en portefeuille dans l’élaboration de leurs propres stratégies bas carbone.
En tant que gestionnaire d’actifs, il est primordial de soutenir efficacement vos participations dans leurs politiques de décarbonation. Voici ce qu’il faut garder à l’esprit:
Tout d’abord, il est essentiel de rappeler régulièrement que chaque entreprise joue un rôle dans l’atténuation du changement climatique, quelle que soit sa taille ou son secteur d’activité. Préparez-vous à présenter vos ambitions climatiques et à justifier votre volonté d’améliorer les performances climatiques de votre portefeuille. Ayez en tête que vous pourrez rencontrer de la résistance ou du désintérêt, tant de la part de vos tant de la part de vos actifs, vos clients ou propres actionnaires.
Priorisez vos efforts en tenant compte des éléments suivants:
Le niveau de maturité climatique de l’entreprise : Les entreprises n’ont pas toutes le même degré de maturité climatique. Pour les moins avancées, encouragez la mise en œuvre progressive de bonnes pratiques, en commençant par le calcul des émissions de scope 1 et 2, avant d’intégrer le scope 3 amont et aval. Utilisez des outils adéquats pour faciliter ce processus et améliorer continuellement la qualité du reporting carbone.
La capacité d’influence sur les émissions : Les entreprises qui contrôlent ou ont de l’influence sur d’importantes sources d’émissions de leur Scope 3 disposent d’une plus grande marge de manœuvre décisionnelle en termes de réduction d’émissions. La réalisation d’une analyse détaillée des catégories les plus émettrices du scope 3 peut s’avérer nécessaire au fur et à mesure que la qualité des données s’améliore.
Les motivations ESG : Vous constaterez peut-être que bon nombre de vos entreprises en portefeuille se trouvent à un tournant en matière d’ESG. Certaines d’entre elles peuvent chercher à s’engager sur la voie de la décarbonisation pour diverses raisons :
Timing : Lors du calcul de vos émissions financées, prévoyez une certaine flexibilité dans l’agenda prévisionnel de votre projet. Les entreprises auront besoin de plus ou moins de temps pour compiler leurs données.
Conseiller les entreprises de votre portefeuille sur leurs stratégies bas carbone nécessite une approche cohérente et attrayante. Commencez par impliquer toutes vos équipes, en mettant l’accent sur l’importance de la communication interne, de la formation et de la gestion du changement. Concentrez-vous en particulier sur certains départements comme les achats, qui jouent un rôle crucial dans la réduction des émissions.
Exploitez des analyses approfondies et des outils fiables pour identifier les principales sources de GES et modéliser l’impact de différentes stratégies de réduction. Adaptez votre analyse aux enjeux spécifiques à l’industrie en question. Par exemple, si votre participation opère dans la Tech, collaborez avec des spécialistes du Green IT afin de bien traiter les aspects techniques spécifiques à ce secteur.
Tirez également profit des ressources publiques et partagez avec vos participations les ressources les plus adéquates. Par exemple, une gestion efficace des déchets et la durabilité des fournisseurs sont essentielles dans l’hôtellerie. En revanche, pour une agence de conseil, la réduction des émissions liées aux déplacements professionnels est plus importante. De manière générale, le partage de résultats de recherches, d’initiatives fructueuses et de travaux de groupes entre professionnels améliore la connaissance des acteurs et les possibilités d’action.
Enfin, reconnaissez que chaque entreprise en portefeuille a un parcours de décarbonation unique. Créer des canaux de partage de connaissances et expériences climatiques entre vos participations. Cela renforce considérablement l’efficacité des stratégies bas carbone dans l’ensemble de vos investissements.
Pour les aider à franchir le cap, les entreprises de votre portefeuille pourraient trouver utile le Guide de Décarbonisation de Sweep.
Lors de la phase d’investissement ou lors des analyses annuelles de votre portefeuille, partagez les résultats détaillés de vos estimations d’empreinte carbone par scopes, avec vos participations. Cela donnera une première idée de leur empreinte carbone à celles qui n’ont pas encore de données carbones réelles. Celles qui ont déjà calculé leur bilan carbone pourront comparer leur situation par rapport à l’estimation sectorielle, puisque les estimations sont calculées en fonction du secteur et du chiffre d’affaires des entreprises.
Lorsque que vous identifiez les principales sources d’émissions d’une entreprise, vous devez en même temps réfléchir aux méthodes les plus efficaces pour les réduire. Cela implique de suivre le budget alloué aux initiatives de réduction des émissions, ainsi que les économies éventuelles permises par ces actions, telles qu’une réduction de la facture énergétique liée à une amélioration de l’efficacité énergétique de bâtiments, une augmentation de la part de marché, sans oublier une réduction de l’exposition aux risques réglementaires et climatiques. Il est important de relier explicitement les mesures de décarbonisation à la création de valeur financière afin d’augmenter le soutien interne et externe dont bénéficient ces initiatives.
Les participations se posent souvent des questions méthodologiques sur les règles de comptabilité carbone, les niveaux d’exigences en matière de données (physiques vs. monétaires), et les périmètres organisationnels. Organiser des formations et apporter un soutien personnalisé pour répondre à ces questions peut s’avérer d’une grande aide. Que ce soit par le biais de ressources numériques, de services de conseil ou d’interactions directes, offrir du temps et du contenu pour développer les connaissances permet de combler les lacunes de ceux qui manquent de temps ou d’expertise.
Il est important de trouver des outils permettant de répondre aux problématiques suivantes :
Gestion centralisée des données ESG : Pouvoir consolider et gérer différents types de données extra-financières qui sont communiquées par toutes ou la plupart de vos participations, permettant ainsi de vérifier leur cohérence et d’effectuer des comparaisons.
Personnalisation de la collecte de données ESG : Aider les entreprises à sélectionner les bonnes données en fonction de leur structure organisationnelle et de leur maturité en matière de données ESG.
Identification des principales sources d’émissions : Mettre en évidence les points sur lesquels il est nécessaire de concentrer ses efforts de réduction.
Favoriser la collaboration : Pouvoir communiquer facilement entre utilisateurs.
Garantie de la fiabilité des données : Effectuer des contrôles qualité et des mises à jour régulières pour aider à maintenir l’exactitude des données.
Que ce soit au cours d’une procédure de due diligence, avant une entrée/sortie au de capital ou pour préparer de nouveaux cycles de financement, les marchés privés développent une relation privilégiée avec leur investissements en portefeuille, en tant qu’actionnaire majoritaire, de membres du conseil d’administration ou tout simplement de partenaire de confiance. Les investisseurs ont alors la responsabilité de guider leurs actifs vers des trajectoires bas carbone. Ils sont en droit d’exiger à la fois des engagements et des résultats dans le cadre de l’accord de financement.
Nous avons vu des acteurs du crédit, suivre l’exemple des banques, afin de créer des sustainability-linked coupons et proposer chaque année des financements intermédiaires en fonction de la performance climatique et de la réalisation des engagements climatiques pris ; sans parler des acteurs de l’infrastructure qui fournissent un financement supplémentaire, à la condition de soutenir des projets d’énergies renouvelables, tels que les fermes solaires ou éoliennes.
Certaines sociétés de gestion proposent de financer des services que les participations doivent rembourser en cas de non-atteinte des objectifs. D’autres n’hésitent pas à payer intégralement les services de calcul d’empreinte carbone (qu’ils s’agissent de missions de conseil ou d’achats de licence de logiciels de bilan carbone).
“Les tableaux de bord de suivi des émissions de Sweep permettent aux gestionnaires d’actifs de communiquer et de répondre facilement aux questions de nos investisseurs sur les émissions financées, l’intensité carbone et la qualité des données. Le logiciel nous permet de filtrer les données par branche, par fonds ou par participation, ce qui nous sera utile pour tester différents scénarios de réduction.”
Emilie Huyghues Despointes
ESG Officer chez MV Credit
Vous pouvez en savoir plus sur le parcours de MV Credit avec Sweep ici.
Soutenir vos actifs dans leur démarche bas carbone est essentiel pour atteindre les objectifs climatiques fixés par l’Accord de Paris et améliorer la maturité ESG de votre portefeuille. Nous espérons que ce guide vous a été utile pour comprendre la logique, les étapes et les outils qui vous permettront d’aider les actifs dans lesquels vous investissez à réduire leur empreinte carbone.
Avec le soutien de Sweep, vous pouvez montrer l’exemple en matière de décarbonisation, en veillant à ce que vos actifs non seulement respectent les réglementations, mais contribuent également à un avenir plus durable.
