Lors du London Climate Action Week, organisé par Sweep et le Women and Climate, une table ronde intitulée “Comités exécutifs et conseils d’administration : le rôle des données” a réuni des experts aux parcours différents :
– Anna Richardson, responsable mondiale de la durabilité et de la diversité de la chaîne d’approvisionnement chez HSBC
– Eve Joseph, responsable de l’impact social chez British Triathlon
– Manisha Shastri, vice-présidente de la stratégie Net Zéro chez HSBC
Elles ont échangé sur le rôle crucial que jouent les données dans la promotion de l’action climatique et de la durabilité au sein des entreprises.
Obtenir des données pertinentes
Anna Richardson ouvre le débat en soulignant le rôle central des données dans son travail. “Les données sont cruciales pour gérer l’impact de nos programmes climatiques et suivre leurs progrès”, explique-t-elle. Cependant, elle reconnaît que la gestion des données peut être fastidieuse, en particulier la collecte.
Anna, qui travaille actuellement sur les émissions du Scope 3, explique à quel point l’équilibre est subtil entre l’acquisition de bonnes données et l’obtention d’informations “suffisamment bonnes” au moment voulu. “D’où l’importance de l’implication des clients” et de toutes les parties prenantes dans le processus de collecte de données.
Manisha Shastri, elle, insiste sur l’importance de la gouvernance et de la traçabilité des données. “Les données nous facilitent la vie, mais rappelons néanmoins cette vérité : ‘garbage in, garbage out”, avertit-elle. Autrement dit, des mauvaises données donnent de mauvais résultats. C’est la raison pour laquelle la gouvernance et la traçabilité des données doivent être une priorité, en particulier quand on est un secteur réglementé comme la banque. “Il ne suffit pas d’obtenir des données : Pouvez-vous les justifier ? Pouvez-vous les tracer ?”répète-t-elle ?
Utiliser les données pour l’action climatique
La conversation s’est ensuite tournée sur l’utilisation des données pour favoriser l’action climatique. Manisha détaille comment son équipe a développé un outil de mesure de l’empreinte carbone liée à la technologie de la banque. “Plutôt que de vouloir faire quelque chose de parfait et global, nous avons construit un outil qui examinait seulement un aspect : notre propre empreinte technologique”, a-t-elle expliqué. Une méthode qui inclut les machines, les centres de données et les fournisseurs de cloud.
Même si les données sont immatures et reposent sur de nombreuses hypothèses, elles ont offert à la direction un aperçu quantifiable de leur empreinte. “Il ne s’agit pas seulement des prêts de la banque ; c’est aussi notre propre fonctionnement”, a souligné Manisha. Considéré, au départ, comme un produit à peine viable, il a finalement gagné en popularité et a été présenté à la COP 28.”
Eve s’est, elle, inspirée du sport de haut niveau pour stimuler l’action climatique à partir des données. Initialement, le conseil d’administration de British Triathlon voulait connaître l’empreinte carbone de la société. Mais, elle a réalisé que la possession de ces données ne mènerait pas forcément au changement. “Je devais personnaliser ma réponse en fonction de mon interlocuteur pour qu’il se préoccupe de l’environnement.”, a-t-elle expliqué.
Eve a alors utilisé une statistique frappante — seules 14 % des rivières au Royaume-Uni sont suffisamment propres pour y nager — afin d’attirer l’attention et passer à l’action. British Triathlon à pu ainsi rallier d’autres organisations pour créer l’Alliance des Sports Aquatiques Propres.
“Sur les sept autres membres de l’alliance, cinq ne connaissent pas leur empreinte carbone, mais cela n’a pas d’importance à cet instant. Nous avons axé nos échanges sur la durabilité en utilisant la statistique sur la qualité de l’eau, ce qui les a intéressé”, a-t-elle assuré.
Impact sur la carrière et perspectives
Les intervenantes ont également donné des conseils précieux à ceux qui aspirent à faire une réelle différence en matière de durabilité. Pour Anna, il faut savoir maîtriser l’art du storytelling et se tenir à jour sur les dernières tendances en matière de technologies et de durabilité. “La durabilité aura toujours besoin de conteurs, pour trouver le langage adapté aux différentes parties prenantes”, a-t-elle déclaré.
Eve a ensuite encouragé l’audience à intégrer la durabilité dans leur poste actuel. “Intégrez la durabilité dans votre travail actuel et prouvez à la personne qui vous emploie que c’est essentiel”, conseille-t-elle. Une approche qui permettra non seulement de faire avancer l’agenda ESG, mais aussi de démontrer son importance cruciale pour l’entreprise.
Enfin, pour Manisha, les entreprises savent désormais que la fixation d’objectifs de durabilité n’est qu’un début. “Il faut maintenant les atteindre”, a-t-elle dit, soulignant la nécessité de plans d’action et d’efforts continus.
Conclusion
Les participantes ont mis en lumière l’influence cruciale des données dans les initiatives de durabilité. En synthèse, il faut qu’elles soient précises, accessibles et bien gérées pour soutenir l’action climatique et prendre des décisions éclairées. En utilisant efficacement les données, les entreprises peuvent construire des arguments commerciaux convaincants en faveur de la durabilité et provoquer un changement significatif.